Les Petits Chevaux de Tarquinia
Sous la chaleur écrasante d'un petit village d'Italie, au bout d'une route, au pied d'une montagne au bord de la mer, deux couples passent des vacances comme chaque été. Gina et Ludi, Jacques et Sarah et leur enfant , ainsi que d'autres personnes qui gravitent en électrons libres : Diana une amie ; la bonne indisciplinée et son douanier ; Jean aussi, l'homme au bateau que nul ne connaît. Ils se baignent, discutent, mangent le sempiternel menu infâme de l'hôtel, sirotent d'innombrables bitter camparis, transpirent, se déchirent, se trouvent parfois, s'ennuient beaucoup, portés par la routine de leur indolence quotidienne. Dans la montagne, au-dessus du village, un jeune homme a sauté sur une mine. Ses parents sont venus récupérer les morceaux dans une caisse à savon. Ils veillent là-haut, le temps de faire un deuil qu'ils ne parviennent pas à accepter. L'épicier du village leur tient compagnie avec des histoires vraies et rêvées qui lui permettent de tenir debout.
Un roman figé dans une torpeur accablante de chaleur où l'oisiveté est la seule occupation. On s'ennuie ensemble, on partage ses solitudes, on affronte en palabres vides des amours larvées qui s'étouffent, se cherchent pour les uns dans l'adultère, pour d'autres dans la liberté d'un voyage à Tarquinia. Le désir d'amour est au centre de l'œuvre, de chaque vie surtout féminine, si différente et si commune. La représentation qu'elles ont de l'amour, des relations amoureuses. La torpeur est source de dépouillement. Elle ramène chacun aux fondements de son être, aux assises de son existence : le désir, le manque, l'amour, la reconnaissance de son existence, le sentiment d'exister. Elle est déréliction. Que faire de soi et de la liberté ? Qu'être sans l'amour de l'autre ? L'amour absolu étant impossible, il n'empêche que le désir d'amour ne connaît pas de vacances. Il est une source de conflit latent et peut mal vieillir. Seul l'amour maternel échappe aux questionnements et redonne sa place à l'amour de l'homme.
Ces histoires bercent comme un chant, une litanie où ne subsistent que des mots récurrents qui tendent à dégager une atmosphère lourde et pesante. Marguerite Duras déploie ce style si particulier qui cultive l'ellipse, l'ambiguïté et l'intuition. Les événements et les décors sont dorénavant réduits au minimum et le dialogue, direct ou indirect, devient un élément fondamental. Les hésitations, les reprises nombreuses, les répétitions permettent d'insérer des zones de silence qui se rapprochent de la vérité de personnages incomplets, incertains. Ce niveau d'abstraction et la large ouverture de l'écriture au dialogue, y compris ses absences, ont facilement permis le passage des oeuvres au théâtre et au cinéma. "Marguerite Duras accepte crânement la tragédie de son sujet sans jamais s'en laisser accabler. Ce livre est un roman de ressources. Il éclate de richesse et, dans cet éclatement même, se contient. Les personnages y sont précipités dans une cruauté qui ne dément pas et qui, pourtant, les laisse entièrement libres de leurs choix. Comme de leur exigence. Ce parti pris peut déplaire à certains. A moi il apporte la joie précieuse d'une lecture om les mots vont toujours plus loin que le masque de leur sens extérieur, où le sous-entendu, où le suggéré sont à ce point cursifs que l'apparence est d'autant plus ombreuse et d'autant plus prodigue de mystère qu'elle se veut plus linéaire."
Raymon Guérin in Humeurs.
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3 comentários:
Na verdade tudo é relativo
e por vezes belo
apesar da língua
Escrito por Guérin, mas recende a Mateso... As palavras vão mais longe que sua máscara exterior, pródigas de mistério...
Merci infiniment.
oui, toujours plus loin que la masque, les mots )
à moi, ta choix m´a apporté duras,
les voyages, l´amant,
les mots les mots
le silence surtout, oú tout
se forme et tout s´EN dit,
beijo
~
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